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Famille de BOVES

5 Juillet 2020 , Rédigé par Jean-Marc CARON

De Boves, petit village de la Somme, sont issus certains de mes ancêtres historiques, dont les Seigneurs de Boves, lesquels ont connu des destins divers, que je vais tenter de résumer ici.

Blason originel de BOVES

Tout d’abord, le blason de la famille tel qu’il apparaît dans les descriptions historiques, se décline comme suit : De gueules à la bande d'or côtoyée de deux cotices du même.

Les premiers seigneurs de Boves connus sont issus d’une famille d’ACHÉ, dont Richard d’ACHÉ, seigneur d’Aché et de Boves, né vers l’an 945, fut marié deux fois, avec Perrette de FERRIÈRES, épousée en 972, qui lui donna un premier fils, Robert d’ACHÉ, qui continue la descendance et le nom d’ACHÉ, et sa seconde épouse Berthilde dame de MARLE, née en 957 et décédée en 1009, lui donna un fils, Hugues, qui devint seigneur de Boves, et en prit donc le nom.

 

Première génération

Hugues de BOVES, qui était né en 975 à Boves, justement, et qui décéda en 1020, épousa Havoise de COUCY (Sosa 2 966 668 561) née en 983, qui lui donna deux enfants, un fils, Dreux de BOVES (Sosa 2 966 668 560) né vers 998, décédé le 22 février 1071, et une fille, Alix de BOVES qui est aussi mon ancêtre (Sosa 11 691 850 453) née en l’an 1000 et épousa vers 1015 Auguste d’AILLY, né en 989 à Ailly-le-Haut-Clocher (Somme) et décédé au même lieu en 1049. Cette famille ne sera pas reprise dans cet article, centré sur la famille de Boves.

Génération II)

Le premier seigneur sur lequel on ait quelques notions certaines, est Dreux de Boves. La plus grande incertitude règne sur les commencements de cette maison fameuse que l'on va bientôt voir maîtresse temporaire du comté d'Amiens. Colliette (Mémoires pour servir à l'Histoire du Vermandois) veut que Dreux, comte d'Amiens, ait aliéné de son comté la terre et seigneurie de Boves en faveur de sa fille Adèle, mariée avant l'an 1059 à Albéric II, sire de Coucy, lequel eut de ce mariage Albéric II, sire de Coucy, et Dreux, sire de Boves qui, du vivant de ses parents, s'appelait Dreux de Parpas, du nom de ce village en Thiérache, le premier aurait pris le patrimoine paternel, l'autre celui de sa mère. L'auteur de la notice sur l'ancienne seigneurie et l'église de Caix-en-Santerre est à peu près du même avis, et veut de plus que Ade ou Adèle de Boves apporta en dot à son mari le comté d'Amiens. Ducange qui a élucidé autant que faire se peut, les ténèbres épaisses qui enveloppent l'histoire de ce comté, ne mentionne aucune Adèle parmi les enfants de Dreux d'Amiens. D'ailleurs, le seul rapprochement des dates vient combattre la thèse avancée par Colliette, puisque Albéric de Coucy vivait à la fin du règne de Henri Ier, qui mourut en 1060, et que La Morlière cite dès 1034 des actes 

Henri Ier, Roi de France

auxquels prend part ce Dreux de Boves que l'annaliste du Vermandois regarde comme le petit-fils de Dreux d'Amiens. Quant au surnom de Parpas (de Papiriaco) que Duchesne lui attribue aussi et qu'on rencontre dans un titre de Corbie de 1079, D. Grenier pense qu'il y a plus de vraisemblance à traduire Papiriaco par Pavery, village entre Boves et Gentelles. Malheureusement enfin pour le système soutenu par Colliette, un titre de l'évêque de Senlis, Clérambault, de l'an 1117, relatif à une contestation entre Enguerran Ier de Boves et les moines de Saint-Arnoul de Crépy, nous fait connaître positivement que l'aïeul d'Enguerrand se nommait Hugues. Ainsi tombe d'elle-même la généalogie de l'auteur des Mémoires pour servir à l'histoire du Vermandois.

Dreux de Boves apparaît pour la première fois dans l'histoire, comme témoin à l'accommodement fait en présence du roi Henry en 1041, entre l'abbaye de Corbie et Wautier, seigneur d'Encre. En 1042, il assiste à la donation que Thibault, comte de Champagne et Étienne, comte de Meaux, qui prennent la qualité de comtes de France, font à Foulques II, évêque d'Amiens, et au chapitre de la cathédrale, du consentement d'Ermangarde, leur mère, du village de Croissy, sur la rivière Selle, au territoire d'Amiens, à la remise que Raoul de Crespy, comte d'Amiens, à l'instigation et à la requête de l'évêque Guy, fait du droit de justice que ces vicomtes avaient sur toutes les terres de l'église d'Amiens, et au don de ce que ce seigneur et ses chevaliers ou vassaux possédaient dans la terre de Conty.

Dreux, seigneur de Boves, et Robert, son fils, sont nommés les premiers entre les chevaliers de la suite de ce comte, ce qui marque qu'ils avaient quelques prérogatives au-dessus des autres, probablement parce qu'ils étaient de la famille de Raoul. À cette époque (1069), Dreux de Boves, touchant au terme de la vie, remit au chapitre d'Amiens l'avouerie et le comté qu'il possédait au village de Cottenchy et dans tout son territoire.

Dreux jouit jusqu'à sa mort de la vicomté de Corbie, qui lui avait été donnée par Gautier, comte d'Amiens.

Si jusqu'à présent il a été impossible de reconnaître à quel titre le fils aîné de 

Richilde de FLANDRE

Dreux de Boves fit valoir plus tard des droits au comté d'Amiens, il est hors de doute toutefois, comme le fait remarquer la savante introduction placée en tête de l'édition de l'histoire des comtes d'Amiens de Ducange, qu'il existait une alliance ou parenté et des liens de vassalité immédiate dès 1069, entre les comtes d'Amiens et la maison de Boves, de même qu'une alliance avec les châtelains d'Amiens, gouverneurs du Castillon. Comment Dreux possédait-il la terre de Boves, c'est aussi ce que nous ignorons. La tenait-il des seigneurs de Coucy, le fait est plus que probable, puisque dans un dénombrement du travers de Boves, donné vers 1170 par Robert de Boves, celui-ci dit positivement qu'il tient ce travers de Monseigneur de Coucy, comme il est prouvé par les anciens écrits Monseigneur de Mailly et Monseigneur de Coucy et des autres enchérisseurs. Les seigneurs de Mailly et de Coucy étaient devenus les conseillers intimes de la turbulente et ambitieuse comtesse Richilde de Flandres (1070). Dreux de Boves la secourut-il avec eux dans la guerre que cette comtesse soutint contre Robert-le-Frison, pour la tutelle du comte de Flandres Arnoul III, guerre sanglante qui vit périr de mort violente Anselme de Mailly et le seigneur de Coucy. Malgré ses affinités avec ces seigneurs, il est toutefois permis d'en douter, puisque la charte de l'avouerie de Cottenchy nous le montre déjà accablé d'infirmités et presque arrivé aux termes de sa carrière, accidente vite sue termino ultime infirmate pregravatus.

 

Génération III

Enfants de Dreux de BOVES et d’Aélis de COUCY :

I) Aélis de COUCY (Sosa 5 845 925 839), née vers 1019, décédée en 1073, mariée vers 1033 avec Wallerand de ROYÉ décédé à 58 ans en  1068, fils d’Auguste de ROYÉ et de Jossine de NOYON. Dont une fille.

II) Enguerrand Ier de BOVES, (Sosa 741 667 140) né à Coucy-le-Château-Aufrique (Aisne) en 1042, décédé en 1118.

Marié (1) en 1070 avec Ade de MARLE (SOSA 741 667 141), fille de Liétaud de MÂCON et de Mathilde de COUCY, dont trois enfants.

Marié (2) une demoiselle de COUCY, dont une fille née en 1088, vivante en 1112.

Marié (3) en 1099 avec Sybille de CHÂTEAU-PORCIEN, fille de Roger, comte de Château-Porcien, sans enfant.

III) Robert III de BOVES (SOSA 23 685 234 718), écuyer, seigneur de Boves, né né à Coucy-le-Château-Aufrique (Aisne) en 1045, décédé en 1109, marié vers 1065 avec Adélaïde de PÉRONNE, dame de Doingt, fille de Robert Ier de PÉRONNE, chevalier, prince de Péronne (1045), seigneur de Ham, décédé en 1084, marié en 1045 avec Alix, dame et comtesse de FLANDRE, née à Lille (Nord), décédée à Péronne (Somme) en 1079. Dont deux enfants.

Enguerrand, fils aîné de Dreux de Boves, que nos historiens appellent indistinctement Enguerrand de Boves ou Enguerrand de Coucy, succéda premièrement à son père, dans la seigneurie de Boves, il confirma avec ses frères Robert et Anseau le don fait à l'église d'Amiens de la justice et de l'avouerie de Cottenchy (1079). Philippe Ier, roi de France, ayant retiré des mains du comte de Flandres Arnoul, la ville de Corbie, avait rétabli tous les privilèges de cette abbaye et l'avait réintégré dans tous ses droits de vicomté. Enguerrand se voyant par cet acte dépossédé de cette vicomté, qu'il tenait de l'héritage paternel, se plaignit d'abord au roi, puis entrant à main armée sur les terres des moines, brûla et pilla leurs possessions.

Philippe Ier, Roi de France

Enfin un accommodement fut conclu par lequel on arrêta que l'abbé et le seigneur de Boves exerceraient conjointement dans Corbie les droits de justice sur ce qui se ferait dans l'enceinte de la place, et cela à l'égard des habitants et des étrangers seulement ; les clercs, les serviteurs et l'enclos de l'abbaye demeurant sous la juridiction exclusive de l'abbé. De son côté, Enguerrand l'associa à la justice qu'il avait en qualité de vicomte aux vicomtés de Berny, de Verneuil, de Vaux de Sailly, de Cerisy, qui étaient des appartenances de l'abbaye. Cet accord fut passé à Corbie le 22 février 1079, en présence de Geoffroy d'Encre, de Robert, frère d'Enguerrand, de Raimbert de Ribemont, de Tancrède d'Épagny; d'Imbert de Rosoy, d'Herbert du Hamel, de Ganelon d'Aubigny, et d'autres seigneurs voisins, contemporains, tous ecclésiastiques. En 1095 il fit nommer à l'abbaye de Nogent-sous-Coucy, Geoffrey que l'Église vénère comme un saint qui, appelé en 1104 au siège épiscopal d'Amiens, quelques années après était contraint de le fuir par suite des attaques de son puissant protecteur.

Vers 1105, il fondait aux portes d'Amiens l'abbaye de Saint-Fuscien-au-Bois, donnant à Odolric, premier abbé du nouveau monastère, tout le territoire du Mont sur lequel est aujourd'hui bâti le village de Saint-Fuscien, du consentement d'Enguerrand de Montdidier auquel une partie de ce territoire appartenait par droit héréditaire, afin que le temple de Dieu fit de ce lieu jadis inculte une habitation libre et affranchie de tout pouvoir séculier. À ce don, Enguerrand ajouta les serfs et les serves de ces lieux, 4 hôtes, la moitié du jardin d'Amelliacus, et la moitié de la ville de Sains. Il autorisa ceux de ses vassaux qui voudraient gratifier de quelques dons la construction et l'agrandissement de l'église, à le faire librement, ne voulant conserver pour lui et ses successeurs sur tout ce qui était donné à l'abbaye, aucun droit ou redevance, et se réservant seulement pour la gloire de Dieu, pour lui et ses héritiers, le patronage de l'abbaye. Usant de cette permission, un grand nombre de fidèles, notamment Herlebold de Truceville, Pierre de Glisy, Drogo de Gisancourt, Gilo de Goulencourt, Hato chanoine de Boves, Hebert de Jumelles, Albert, prêtre de Boves, etc. se hâtèrent de faire des dons importants. La charte de fondation du nouveau monastère dont l'original est conservé aux archives départementales de la Somme fut signée l'an 1105, le pape Pascal II occupant le Saint-Siège, sous Manassès, archevêque de Reims, Geoffroy, évêque d'Amiens, Philippe, roi des Français, Louis, son fils, chef de l'armée et Enguerrand, consul d'Amiens.

En 1115, le dimanche des Rameaux, après une expédition punitive contre Thomas de MARLE, fils Enguerrand de Boves, qui était un tyran qui ne respectait rien, le roi de France Louis VI le Gros se retourna contre le père qui avait soutenu son fils dans la bataille du Castillon d’Amiens, injustement confisqué par Thomas de Marle à sa légitime propriétaire, la comtesse Adèle de Vermandois. La lutte fut terrible. Les femmes elles-mêmes y prirent part, lançant sur la garnison du château une grêle de pierres du haut de tours roulantes que l'ingénieur Aleran avait fait avancer contre les remparts. Malgré la discipline des troupes royales et le dévouement de la bourgeoisie, le Castillon garda sa réputation d'imprenable. Les assaillants furent repoussé, leurs machines brisées par les pierriers qui tiraient dessus. Beaucoup périrent soit au pied des murailles soit sur les tours roulantes et le roi lui-même fut blessé à la poitrine d'une flèche qui traversa son haubert. 

Louis ne jugea pas à propos de renouveler cette tentative et partit laissant quelques troupes qui convertirent le siège en blocus. Ce ne fut qu'au bout de deux ans seulement que les assiégés rendirent le Castillon, aussitôt démoli et rasé. « Sa destruction rétablit une douce paix dans le pays, dit Suger, et dépouilla pour toujours le méchant Thomas que ses héritiers de toute autorité sur cette ville d'Amiens ». En effet, à la suite de ces luttes le comté d'Amiens sortit des mains de la maison de Boves et fut restitué par le roi à l'héritière légitime, Adèle, comtesse de Vermandois. Enguerrand de Boves trop vieux ou trop impuissant pour défendre par la force des armes les droits qu'il y prétendait survécut à ces événements. En 1117, il eut un différend avec les moines de Saint-Arnol de Crépy au sujet du bourg du château de Crespy qui avait été possédé par son aïeul Hugues et par son père Dreux. Sa possession fut confirmée au monastère par jugement de Clérembault, évêque de Senlis, et des abbés de Nogent, de Soissons, de Saint-Vincent de Senlis, de Saint-Martin-des-Champs, etc. Enguerran, qui jusqu'alors avait refusé à l'église de Saint-Rémy de Reims les 60 sols de cens dus à cette église par le château de Coucy, reconnut son injustice et promit de le payer dorénavant le jour de la Saint-Rémy. Il retint en sa main l'avouerie, et les moines qui avaient autrefois toute la main-morte en cédèrent le tiers à Enguerrand. Celui-ci leur concéda en retour dans toute se terre le libre travers du poisson et des autres choses à l'usage de leur église. Cet accord fut confirmé en 1118 par Barthélémy, évêque de Laon, à la demande des deux parties.

Ce fut vraisemblablement le dernier acte d'Enguerrand car son nom n'apparaît plus dans les titres postérieurs.

Enguerrand de Boves, au dire de La Morlière, aurait été enterré à Saint-Fuscien-du-Bois à cause des grands biens qu'il avait donné à cette abbaye «pourquoy sa sépulture s'y voit encore au milieu de la nef où il est de son long représenté, dit-il, en relief sur sa tombe ensemblement d'une seule pierre ». L'abbé Suger a qualifié Enguerrand d'homme vénérable et fort honoré. Guilbert de Nogent renchérit encore sur ces hommages et nous le montre très libéral, honorable, obligeant, aimant et comblant de bienfaits les église. Outre la fondation de Saint-Fuscien, le nom d'Enguerrand de Boves se trouve, en effet, encore associé à l'histoire de la fondation de l'église Saint-Firmin-en-Castillon à Amiens, de Saint-Vincent de Laon et à la décoration de l'abbaye de N.-D. de Nogent.

Génération IV

Thomas de MARLE ou de COUCY, fils d’Enguerrand, né vers 1073 et décédé à Laon (Aisne) le 23 novembre 1130 (SOSA 370 833 570).

Il fut, de loin, le seigneur de Boves le plus sanguinaire et le plus vindicatif, ne respectant ni les hommes ni les rois, ne songeant qu’à ses propres profits.

Vers cette époque, l'Occident tout entier se levait, à la voix d'un moine picard, Pierre l'Ermite, et s'élançait plein d'un saint enthousiasme pour arracher le tombeau du Christ aux mains des infidèles. Au nombre des chevaliers qui firent partie de la première croisade, figurait Thomas de Marle. Albert d'Aix, l'un des historiens les plus intéressants de cette expédition, à laquelle cependant il n'avait point assisté, mais dont il avait recueilli avec soin tous les épisodes, d'après les récits de pèlerins revenus d'outre-mer, nous a retracé les exploits du baron picard, qu'il désigne sous le nom de Thomas de la Fère (Thomas de Feei, Thomas de Ferii). Parti vraisemblablement d'abord avec la bande du comte allemand Emicon, Thomas après avoir pris part aux ravages et aux horribles déprédations que cette troupe désordonnée commit sur son passage chez les Juifs d'Allemagne et en Hongrie, arriva avec les débris de ces pillards à Constantinople. Là il se joignit à la grande armée de Godefroy de Bouillon. Chevalier rempli d'ardeur, il se distingua au siège de Nicée. On le voit avec Gérard de Cherisy ou de Quiersy, qui devait jouer plus tard un rôle important dans l'émancipation communale de Laon, avec Beaudoin du Bourg, Renaud de Beauvais, Galon de Calmon, Gothard fils de Godefroy, Gaston de Béarn, poursuivre et faire périr les Turcs sous leurs coups. Au blocus d'Antioche comme au siège de Jérusalem, Thomas ne cessa de faire éprouver aux infidèles la valeur et la pesanteur de son bras.

Blason de COUCY

Ce fut en prenant un jour son manteau d'écarlate doublé de vair pour faire une étendard à ses soldats dispersés dans une rencontre, qu'il changea les armes de sa maison autrefois de gueules à la bande d'or, accompagnées de deux cotices de même, pour celles fascées de vair et de gueules de six pièces qu'elle porta ensuite et qui demeurent les armes de la maison de Coucy. Thomas accomplit des prodiges d'héroïsme à l'assaut de la cité sainte.

Il se maria trois fois, la première vers 1095 avec Ide de HAINAUT, née vers 1075, fille de Baudoin II, comte de HAINAUT et d’Ide de LOUVAIN, dont deux filles.

Il convola ensuite en 1104 avec Mélisende de CRÉCY (mon Sosa 370 833 571) fille de Guy de CRÉCY, dont           il eut deux fils et trois filles :

I) Mélisende de COUCY, née vers 1105, mariée vers 1125 avec Adelelme, vicomte d’AMIENS, sans postérité, et avec Hugues IV de GOURNAY-en-BRAY, dont elle eut une fille.

II) Mahaut de BOVES, née vers 1108, mariée vers 1125 avec Guy, comte d’AMIENS, seigneur de la Broye né vers 1108, décédé en 1147, dont un fils et une fille.

III) Robert II de BOVES (SOSA 390 082 324) continue la descendance et sera repris dans la génération suivante.

IV) Enguerrand II de COUCY (SOSA 230 061 380), seigneur de Coucy, de Marle, de La Fère, de Crécy (sur-Serre), de Vervins, de Pinon, de Landouzy (la-Ville), de Fontaine (lès-Vervins), et de quelques autres lieux, marié en 1132 avec Agnès de BEAUGENCY (SOSA 230 061 381), née en 1108, fille de Raoul Ier de BEAUGENCY (SOSA 460 122 762) et de Mahaut de VERMANDOIS (SOSA 460 122 763).

V) Odette (ou Halvide) de COUCY (SOSA 185 416 785) née vers 1111, mariée en 1125 avec Albéric de ROYÉ (SOSA 185 416 784), sénéchal de Vermandois, seigneur de Bercquigny, né en 1100, décédé entre 1163 et 1165, dont trois fils.

VI) Gertrude de BOVES, née en 1112, décédée en 1164, mariée avec Henri, seigneur d’AILLY, né en 1099, décédé en 1153, fils de Victor, seigneur d’AILLY et de Guyancourt (1057-1129), et d’Isabeau, dame de MOREUIL (1080-1136). Dont une fille.

Il se maria enfin une troisième fois vers 1112 avec Ermengarde, dame héritière de MONTAIGU, fille de Gozelon de MONTAIGU, né à Marcourt, Luxembourg, en 1122, décédé à Liège, Belgique, en 1065, et d’Ermentrude de GRAND-PRÉ, née en 1015, décédée en 1080.

Montaigu au XIVe siècle

Cette alliance lui apporta le château de Montaigu l'un des plus forts qui fut dans le pays, repaire inaccessible d'où le terrible féodal s'élançait pour accomplir ses exploits de grand chemin, qui allaient sous la plume souvent partiale des chroniqueurs contemporains, vouer sa mémoire à l’exécration des générations futures. En 1099, il est en guerre avec Roger de Pierrepont. Le Laonnais souffre beaucoup de cette lutte. En 1101, il ravage les terres de l'abbaye de Saint-Marcoul de Corbeny, dans le diocèse de Laon, et après une foule de meurtres et de rapines, brûle la majeure partie de la ville de Corbony. Ses courses réitérées le randaient tellement redoutable à ses voisins qu'ils commencèrent à le craindre et à l'avoir en horreur. Une coalition formidable se forma contre lui ; à sa tête se trouvaient Enguerrand de Boves, son père, Ebbles II, comte de Roucy, et son frère André de Roucy, comte de Rameru, Hugues-le-Blanc, comte de La Ferté, Robert de Péronne seigneur de Crespy, et d'autres seigneurs résolus d'assiéger son château, de le forcer à capituler par un étroit blocus, d'en ruiner les fortifications et de le condamner à l'inaction en le retenant dans une captivité perpétuelle. Averti des desseins des confédérés, Thomas sortit de nuit, en passant à travers les vides des lignes de circonvallation dont on l'entourait, vint trouver Louis VI le Gros, roi de France, fils du roi Philippe de France, qui déjà avait part au gouvernement du

Louis VI le Gros, roi de France

royaume, corrompit par ses présents ceux qui l'entouraient, dit Suger, et obtint promptement de ce prince qu'il vint le secourir. Louis s'achemina en hâte ver le Laonnais, à la tête de 700 cavaliers. À l'annonce de l'arrivée du prince, les confédérés dépêchèrent vers lui des députés, le suppliant de ne pas faire retomber sur eux le blâme de cette affaire en les forçant à lever le siège du château, et à ne pas s'exposer à perdre les services de tant de braves chevaliers pour un homme profondément pervers, remontrant que ce serait un malheur bien plus funeste pour lui-même que pour eux, si la tranquillité était assurée à Thomas. Louis, jeune et ardent, ayant refusé d'écouter leurs prières, les confédérés ne voulurent pas en venir jusqu'aux hostilités contre leur futur seigneur, fermement résolus à reprendre la lutte quand Louis quitterait le château assiégé. Celui-ci faisant raser tous les travaux d'approche dirigés contre la place ne la quitta qu'après l'avoir abondamment fourni de vivres et d'armes. Mais peu après, Thomas perdit Montaigu par suite de divorce, et, privé de cette redoutable citadelle, disparut pour quelques instants de l'histoire, soit par faiblesse d'entreprendre, soit peut-être par reconnaissance pour le roi Louis-le-Gros.

Dépouillé de la forteresse de Montaigu, et du comté d’Amiens, par suite de son divorce, Thomas de Marle ne fut plus que Sire de Coucy. Et il continua à terroriser les passants et les habitants de ces contrées. Quoique dépouillé du comté d'Amiens, Thomas n'abandonna point toutefois les prétentions qu'il y avait, et ne cessa d'inquiéter et de vexer ceux qui le possédaient.

Charles-le-Bon, comte de Flandres, l'avait reçu en dot de sa femme Marguerite, fille de Renaud de Clermont. Thomas allié avec Beaudoin, comte de Hainaut et Hugues, comte de Saint-Pol, courut et ravagea les terres de Charles. Ce dernier se mit en devoir de les repousser vaillamment, mais sa mort tragique arrivée à Bruges le 12 mars 1126 (le 12 mars 1127 en réalité, ndlr) lui fit perdre cette possession. Le nom de Thomas apparaît encore dans les luttes qui désolent la Flandre pour la succession de Charles-le-Bon. Guillaume Cliton avait été élu comte et soutenu par Louis-le-Gros. Le roi d'Angleterre réclama cet héritage et envoya son neveu, Étienne de Blois, comte de Boulogne (futur roi d'Angleterre, ndlr), afin de se créer des partisans par ses dons et par ses promesses. Par son entremise se forma une ligue avec le duc de Louvain, son gendre, Beaudoin de Mons, Guillaume d'Ypres et Thomas de Coucy, mais nous n'avons aucune trace de la part effective prise par ce dernier dans cette confédération.

Étienne de BLOIS, roi d'Angleterre
Charles Ier le Bon de Flandre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des marchands passant par Coucy refusèrent, en s'autorisant d'un sauf-conduit royal à payer les droits de travers dus sur cette terre. Ne jugeant pas qu'une patente royale fut un droit d’exemption, Thomas les fit arrêter. Louis-le-Gros excité par les conseils des évêques et surtout du comte de Vermandois, Raoul IV qui brûlait d'exercer contre Thomas une éclatante vengeance du meurtre de son frère Henri, que celui-ci venait récemment de faire assassiner, marcha contre le château de Coucy à la tête d'une puissante armée. À l'abri de ses inexpugnables murailles Thomas eut sans doute bravé les efforts de l'armée royale, mais il sortit en rase campagne pour dresser une embuscade contre les assaillants ; lui même tomba dans le piège qu'il avait voulu tendre. Il était déjà blessé et renversé de cheval quand Raoul de Vermandois accourant au galop de son coursier, se précipita sur lui avec fureur et le frappa d'un coup mortel. On l'empêcha de l'achever. Louis, victorieux presque sans combat, rentra triomphant à Laon traînant à sa suite son captif enchaîné.

Raoul Ier (ou IV) de Vermandois

Ni ses blessures, ni ses fers, ni les menaces, ni les prières ne purent le déterminer à mettre en liberté les marchands qu'il avait arrêtés lors même qu'avec la permission du roi, il eut fait venir sa femme auprès de lui. La perte de ces marchands qu'on exigeait qu'il laissât libres, parut l'affliger bien plus que celle de sa propre vie.

 

Il succomba bientôt à sa blessure et pressé, dit Suger, par les sollicitations d'une foule de gens de se confesser et de recevoir le Viatique, il n'y consentit « qu'à grand peine ; aussi quand le prêtre eut apporté le corps du Seigneur dans la chambre qu'habitait cet homme, Jésus-Christ lui-même ne pût, pour ainsi dire, se résoudre à entrer dans le misérable corps de ce pêcheur non repentant. Au moment donc où pour recevoir la communion ce malheureux relevait la tête, son col se tordit et se brisa et, privé de la divine Eucharistie, il exhala son âme noire et atroce. Une fois qu'il fut mort le roi dédaignant de poursuivre davantage ou lui ou sa terre se contenta d'exiger la mise en liberté des marchands et d'enlever à la veuve et à ses enfants la plus grande partie des trésors du défunt et revint triomphant à Paris après avoir rendu la paix à l'Église par la mort de ce tyran. »

Thomas de Marle fut inhumé dans l'abbaye de Nogent qu'il avait fondée sous la tour de la vieille église, dans une chapelle que son fils Enguerrand de Coucy fit construire et dans laquelle on disait chaque jour une messe pour le repos de son âme. L'église ayant été réédifiée sous un autre Enguerrand, le tombeau de Thomas de Marle fut alors transporté au milieu du chœur.

Génération V

Robert II de BOVES (SOSA 390 082 324), comte d’Amiens du chef de son épouse, né vers 1110, décédé en croisade à Saint-Jean-d’Acre en 1190, marié vers 1146 avec Béatrice de CAMPDAVAINE (SOSA 390 082 325), héritière du comté de Saint-Pol, fille d’Hugues III de CAMPDAVAINE, comte de Saint-Pol et de Marguerite de CLERMONT-en-BEAUVAISIS, comtesse de Flandre, qui lui donna quatre fils et une fille.

En 1133, fut confirmée de nouveau la donation antérieurement faite par Enguerrand seigneur de Coucy, son frère Robert de Boves et leur mère Mélisende, de la ville de la Fère (villæ de Farnetis) sous la condition qu'il y serait institué par les moines de Saint-Nicolas un prieuré où des prières seraient dites pour Enguerrand, leur aïeul, Thomas de Marle, leur père et leurs autres prédécesseurs.

 

En 1138 ils confirmèrent encore avec leurs mère femme vertueuse et qui rendit aux églises beaucoup de possessions que son mari avait usurpées, et conjointement avec leur sœur Mélisende les donations faites à Saint-Martin-de-Laon.

Des lettres de Thierry, évêque d'Amiens, de 1146, terminent un différend entre Robert de Boves et le doyen du chapitre de la cathédrale. Les chanoines lui donnent en fief 70 livres à condition que celui qui tiendra après lui la ville de Boves devra rendre le même hommage , et règlent aussi au sujet de la paix que Thomas son père avait faite avec l'Église d'Amiens touchant les deux villes de Dury et de Longueau.

Blason CAMPDAVAINE

C'est à cette époque que Robert de Boves apparaît dans les titres comme comte d'Amiens. Suivant Ducange, il aurait possédé ce comté du chef de sa femme, Béatrix, fille de Hugues de Camp-d'Avesnes, comte de St-Pol et de Marguerite de Clermont, sa femme, issue du mariage d'Adèle, héritière réintégrée du comté d'Amiens avec le comte Renaud. Marguerite de Clermont, veuve de Charles-le-Bon, avait épousé en secondes noces, Hugues IV de Camp-d'Avesne et lui avait également transmis les droits qu'elle avait apportés déjà à son premier mari. Par suite de la mort en bas-âge de Raoul et de Guy Candavèsnes, Béatrix de St-Pol était devenue principale héritière du comte d'Amiens.

En 1146 Robert de Boves paraît pour la première fois dans les titres avec la qualité de comte d'Amiens et confirme la cession faite à l'église de cette cité par Aléaume d'Amiens, par son père Guy et sa mère Mathilde, du droit de nocturne, c'est-à-dire de la faculté de pêcher une fois l'an, la nuit, dans tous les moulins de la ville et de les faire chômes durant cette pêche. Une patente de l'évêque Thierry lui donne également le titre de comte d'Amiens en 1147. Elle fait connaître que Robert, comte d'Amiens, sur le point de partir pour Jérusalem par les avis d'hommes religieux, en présence de sa mère Mélisende, restitue en demandant l'absolution de sa faute, à l'abbaye de St-Acheulune une rente de quatre muids de froment à prendre sur les moulins de Boves que lui avait autrefois concédée la libéralité d'Enguerrand de Boves et dont son père Thomas et lui l'avaient spoliée.

 

Robert de Boves, élevé dans les mauvaises inclinations de son père, nous est comme lui représenté sous les plus noires couleurs par les historiens du temps. La lettre de Suger à l'évêque d'Amiens, nous le montre frappé pour ses excès et ses invasions sur les terres ecclésiastiques, de la peine d'excommunication, arme toujours levée pour la défense du temporel de l'Église. Robert, abbé du Mont-Saint-Michel dit qu'en 1154, Robert de Boves, homme plein de méchancetés envahit par ruse les châteaux de ses neveux. Lambert de Waterlo, chanoine régulier de St-Aubert de Cambray et Jacques de Guise racontent les soupçons jaloux qu'il conçut sur la conduite de sa femme et l'événement miraculeux qui en fut la conséquence :

« Ne pouvant se porter à des outrages contre sa femme par crainte de ses parents, car elle était noble et fille du comte de Campdavesnes, dit Lambert, il fit mander devant lui, accusa en présence de tous une de ses servantes qu'il savait être familière avec elle dans son service et plusieurs personnes de la famille de cette femme comme confidents des actes de leur maîtresse, divulgua méchamment les récits qu'ils en auraient soi-disant faits, et sans les entendre ni les écouter ordonna de les conduire dans une cabane hors du château et de les précipiter dans le bûcher allumé qu'on avait élevé au milieu. Mais cette vertu antique et divine qui, du temps de Nabuchodonosor délivra les trois enfants des flammes de la fournaise ne leur manqua pas et vint à leur aide. À la vue de tous, le bûcher dévora la cabane, brûla les liens dont ils étaient chargés et ne noircit presque pas leurs vêtements et leurs cheveux. Ils sortirent ainsi du bûcher sans mal, par la miséricorde de Dieu rendant du fonds du cœur de magnifiques actions de grâce au Christ libérateur.

 

L'abbé du Mont-St.-Michel renchérit encore sur ce miracle : Comme l'inique ministre auquel Robert avait commandé d'accomplir ce forfait poursuivait le glaive à la main les malheureux sortis de la cabane et allait en frapper l'un d'eux, une personne invisible l'arrêta tout à coup en saisissant sa chevelure par derrière et le cheval qu'il montait l'abattit à terre. Frappé de terreur, il fit vœu de se rendre en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. ».

Couronnement d'Alexandre III, par l'Aretin

Les entreprises de Robert contre les biens du clergé obligèrent le pape Alexandre III à demander à Henri, évêque d’Amiens, de prononcer l’excommunication du sire de Boves. De plus, tous ses excès firent que le roi de France le bannit du royaume pendant quelques temps.

Exilé, il se rendit en Sicile à la cour de Guillaume-le-Mauvais. Là, la turbulence et l'humeur altière du baron picard le portèrent à se joindre aux seigneurs qui avaient entrepris de ruiner la grandeur et la fortune de l'amiral Majon, favori du roi. À cette occasion, ce prince le fit arrêter avec plusieurs de ses alliés. « Parmi les captifs enfermés dans les prisons de Palerme était Robert de Boves, oncle, racontait-on, du comte Evrard (ndlr: Evrard de Squillace, deuxième fils d'Evrard, seigneur de Breteuil, et de Béatrix de Boves, sœur consanguine de Robert.) homme courageux aux armes mais de peu de bonne foi, que le roi des Français à cause de la trahison qu'il avait là même perpétré avait ordonné de s'expatrier pour un temps. »

Guillaume le Mauvais, roi de Sicile

Plus tard, après la mort de Majon, Robert s'engagea encore dans une conspiration avec Mathieu Bonel ! Les conjurés, tirés des prisons où ils étaient enfermés et introduits par leurs complices, s'emparèrent même du palais du roi. Ce prince surpris, voyant venir à lui l'épée à la main le comte Alesin, homme très atroce, et Robert de Boves, d'une cruauté non moins connue, supplia ceux qui l'avaient pris de protéger sa vie contre ces furieux qui eussent certainement attenté à ses jours si Richard de Mandra n'eut repoussé le choc des conjurés qui se précipitaient sur lui et n'eut ainsi sauvé ses jours.

 

À cette époque, Philippe d'Alsace comte de Flandres, avait par son mariage avec Élisabeth, fille de Raoul de Vermandois. fait passer dans ses mains le propriété du comté d'Amiens.

Il paraîtrait que Robert de Boves, de retour d'exil, aurait renoncé à toute prétention à ses droits sur ce comté, fait hommage au flamand et donné dénombrement de son travers de Boves.

La succession du comté d'Amiens, ouverte de nouveau par la mort d'Elisabeth de Vermandois en 1182, amena entre Philippe d'Alsace, son époux et son donataire, et Aliénor, sœur d'Elisabeth, mariée au comte de Beaumont (Mathieu III de Beaumont-sur-Oise, son quatrième mari, ndlr) un différent grave dans lequel le jeune roi de France, Philippe II (Philippe-Auguste, ndlr) inquiet de l'accroissement de la puissance du comte de Flandres prit parti pour Aliénor. La guerre ne tarda pas à éclater entre le vassal et le suzerain, et en 1184 l'armée royale vint pour assiéger Amiens. Robert de Boves, devenu vassal du comte de Flandres tenta d'arrêter sa marche. Il semblait que la fière maison de Boves ne put lutter qu'avec des rois, et que pour offrir au petit-fils d'Enguerrand un adversaire digne de lui il n'y eut que le petit-fils de Louis-le-Gros.

 

L’attaque du château de Boves par Philippe-Auguste fut conduite de main de maître et se conclut grâce aux machines de guerre dont les troupes du souverain firent usage, et le comte finit par rendre les armes. Peu de temps après, Philippe-Auguste fit démolir le château de Boves, mais il semble qu’il fut bientôt reconstruit.

Robert de Boves quoique parvenu à une extrême vieillesse, accompagna son fils Enguerrand et Philippe-Auguste à la croisade et mourut durant cette expédition pendant le siège d'Acre en 1190.

Le Sacre de Philippe-Auguste
Siège de Saint-Jean-d'Acre (1189-1191)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Génération VI

I) Robert III de BOVES, seigneur de Fouencamps, né vers 1150, dont on ne sait rien de plus.

II) Thomas de BOVES, né vers 1152, chanoine et prévôt de l’église cathédrale d’Amiens, toujours en poste en avril 1225.

 

III) Hugues de BOVES, né vers 1155, passé au service du roi Anglais Jean-Sans-Terre à Bouvines, est décédé dans le port de Sandwich, suite au naufrage du bateau qui le ramenait avec ses troupes en Angleterre, causé par une violente tempête, eut d’une épouse inconnue deux filles, Jeanne de BOVES née vers 1180, dont on ne sait rien de plus, et Éva de BOVES, mariée vers 1205 avec Hamon de PERCHES.

IV) Flandrine de BOVES, mariée vers 1180 avec Guillaume de GUINES.

V) Enguerrand II de BOVES (Sosa 370 082 324), seigneur et comte de Boves entre 1190 et 1223, date de son décès

Marié (1) vers 1170 avec Élisabeth de ROSOY, décédée jeune, sans enfant

Blason famille de Nesles

Marié (2) vers 1190 avec Ade de NESLES (Sosa 185 041 163), née vers 1160, décédée, inhumée en novembre 1252 devant le maître-autel de l’abbaye du Paraclet-des-Champs à Cottenchy (Somme), après avoir fait son testament daté de Novembre 1252, fille de Jean Ier de NESLES, né à Nesles, Somme, vers 1140, décédé à Bruges, Flandre-Orientale, Belgique, le 28 juillet 1197, et d’Élisabeth van PETEGHEM, née à Wortegem-Petegem, Flandre-Orientale, Belgique, vers 1150, décédée en 1224. Dont quatre enfants. 

D. Grenier suppose qu'il avait été investi déjà de la terre de Boves après que Robert (son père, ndlr) eut été excommunié et dégradé de l'ordre de la chevalerie et cite à l'appui de cette opinion le rôle des fieffés de Corbie, dressé, dit-il, vers 1158, mais qui paraît appartenir plutôt aux premières années du XIIIe siècle, à en juger par les noms de certains feudataires de l'abbaye. À son retour en Europe il fit en 1192 (il avait accompagné à la croisade son père et le roi Philippe-Auguste, ndlr), don au chapitre de la cathédrale d'Amiens pour le repos de l'âme de son père, du consentement de sa mère et de son frère Robert, de deux muids de blé à prendre sur ses moulins de Boves. Il confirma également l'aumône que cette dame (leur mère, ndlr), du consentement de es autres frères Robert et Hugues avait fait à l'église St-Jean d'Amiens d'un muid de froment sur la grange d'Harbonnières pour le repos de l'âme de noble homme Robert de Boves, autrefois son mari, tué devant St-Jean-d'Acre. Enguerrand mentionne que cette donation a été faite avant son retour en Terre-Sainte.

En 1195, Enguerrand figure comme témoin avec Guillaume de Cayeu, Hugues de Belloy et plusieurs autres seigneurs, d'une donation faite à l'abbaye de N.-D. du Gard. En 1196, il dote largement, du consentement de Robert et d'Hugues ses frères, pour le salut de son âme et celle de ses père et mère, le prieuré de Ste-Marie-des-Champs, plus connu sous le nom de prieuré de N.-D. de Boves, pour être desservi par un religieux de l'abbaye de St-Fuscien, en 1198 il fait encore une nouvelle donation à ce même prieuré. Sa libéralité s'étand aussi sur l'abbaye de St-Fuscien-au-Bois qu'il aumône de quelques biens du consentement d'Ade sa femme et de ses deux frères Thomas et Hugues en présence de Laurent de Boves, chevalier, d'Adam de Villers et de plusieurs autres nobles hommes.
    Toutefois Enguerrand, malgré sa piété, comme tous les seigneurs de son temps, n'hésitait point à empiéter sur les possessions de l'Église, lorsque son intérêt le lui commandait.
    Vers 1200, l'abbé de Corbie, Foulques, se vit obligé de porter plainte à Philippe-Auguste contre deux de ses avoués, Enguerrand de Boves et son oncle Hugues de Champdaveine, seigneur d'Encre qui exigeaient dans leurs avoueries certaines charges ne leur appartenant point. Le roi les manda et leur dit en présence des autres vassaux de Corbie, qu'il était le seul souverain et le premier avoué protecteur des biens de l'Église et qu'il leur interdisait de séjourner, de demeurer dans les lieux de leurs avoueries à moins qu'ils n'y fussent appelés par l'abbé ou son prévôt ou un des religieux de la communauté avec défense aux habitants de ces mêmes lieux d'obéir de quelque façon que ce fut aux sommations qui pourraient leur êtres faites par les avoués. Peu après Enguerrand fut choisi avec son frère Robert et le seigneur d'Heilly comme commissaire enquêteur dans le différend existant entre l'abbaye et Hugues de Campdaveine, son oncle, au sujet des droits que celui-ci persistait à exercer sur la ville et les faubourgs de Corbie. L'acte de renonciation du seigneur d'Encre qui mit fin à ce différend est du mois de mars 1201. En 1202, Enguerrand ratifie l'assignation que son frère Robert fait à l'Église d'Amiens de 60 sols parisis sur un cens de 8 livres que lui devait les hommes de Cherisy, savoir 20 pour son anniversaire et 40 pour la commutation de tous les biens que l'Église possédait sur le terroir de Caieux et de Corbie qu'il avait placée dans le fief de Boves.
 

Abbaye Saint-Pierre de Corbie en 1677

   Un simple curé de village, Foulques de Neuilly-sur-Marne ressuscitait alors la défense des lieux saints, l'enthousiasme que, cent ans auparavant, Pierre l'Ermite avait su allumer au sein des populations chrétiennes. Au milieu des fêtes d'un tournoi que Beaudoin, comte de Flandres et de Hainaut offrait à une brillante noblesse, les chevaliers conviés à ces jeux guerriers oubliant et le tournoi et les vanités du siècle, firent tous serment d'arracher le tombeau du Christ aux mains des infidèles. Parmi eux figuraient Thibaut de Champagne, Louis de Blois, Simon et Guy de Montfort, Étienne de Perche, Hugues de Châtillon-St-Pol, Renault de Boulogne, Jean de Nesles, châtelain de Bruges, Enguerrand de Boves et ses trois frères et d'autres au nombre de 1000.
    Pressé de partir pour la croisade, Enguerrand s'empresse de réparer les exactions qu'il avait commises au détriment du patrimoine  des églises. Il restitua notamment au monastère de Lihous-en-Santerre deux chapons et demi et une obole qui appartenaient aux religieux de Macellis de Caix à la condition qu'ils prieraient Dieu pour le succès de son voyage, aumôna à St-Martin de Mérincourt, aujourd'hui Méricourt-sur-Somme, les droits et coutumes qu'il avait sur les maisons et masures d'un certain Wibert-Waroquier. Au mois de mai de la même années 1202, après enquête faite, il reconnut le tort qu'il de s'être approprié la propriété  d'une vieille masure située sur la chaussée de Caieu et de ses hôtes qu'il avait donnée à son frère Robert et qui appartenait à l'abbaye de Corbie dont il se dit le fidèle. Enfin, il fait expédier la confirmation du don fait par Thierry, fils de Bernard de Corbie à la trésorerie de cette abbaye de l'exemption de toute exaction, droit de corvée et d'avouerie sur 16 journaux de terre au terroir de Gentelles.

 

Siège de Zara du 10 au 20 septembre 1202 par les Croisés

    Arrivé à Venise où ils devaient prendre passage à bord des vaisseaux de la Sérénissime République, les croisé ne purent acquitter la totalité de la somme qu'ils avaient promise aux Vénitiens, et remplir les engagements contractés en leur nom par leurs envoyés. Le Doge ayant représenté au Sénat et au peuple qu'il n'était point honorable d'user de rigueur envers eux, proposa de leur demander le secours de leurs armes pour la République en attendant qu'ils puissent se libérer de leur dette et de contribuer à soumettre le ville de Zara qui s'était donnée au roi de Hongrie, et bravait, sous la protection de son nouveau maître, l'autorité et les menaces de Venise. Cette proposition fur acceptée et l'armée chrétienne primitivement destinée à la délivrance du saint sépulcre vint investir Zara le 10 novembre 1202. À la vue de cette multitude, les habitants saisis d'effroi envoyèrent des députés au Doge qui promit de leur pardonner leur rebellion si c'était l'avis des comtes et des barons. L'expédition contre Zara n'avait pas été décidée sans mécontenter un certain nombre de croisés qui regrettaient de voir ajourner ainsi leur entreprise du but qu'elle s'était proposé. Aussi ces derniers dirent-ils aux députés de la ville : « Pourquoy volés vos rendre vostre cité ? li pelerin ne vos assailliront mie, ni daus n'avez vos gardes si vos poez defendre des Vénisiens dont estes vos quietes. »

Innocent III, pape (de 1198 à 1216)

En 1209, le pape Innocent III ayant fait appel aux promit à tous les chrétiens qui prendraient les armes pour étouffer l'hérésie contre les Albigeois, les privilèges jusqu'alors réservés aux croisés contre les Musulmans, Simon de Montfort, duc de Bourgogne, le comte de Nevers obéirent aux ordres du Saint-Siège. Leur armée se réunit à Lyon vers la Saint-Jean-Baptiste de l'année 1209, Simon de Montfort, élu chef de cette croisade, au refus de ces deux derniers  princes, avait obtenu du Pape la seigneurie de toutes les conquêtes à faire sur les hérétiques. La guerre contre les Albigeois commença avec une fureur et une barbarie sans exemple et dont la plume de l'abbé de Vaux-Cernai nous a conservé un tableau fidèle. Enguerrand de Boves, de retour de la Terre Sainte, avait pris parti dans les bandes recrutées par son compagnon d'outre-mer Simon de Montfort, et avait reçu de lui en partage la plus grande partie du comté de Foix, l'un des cinq grands fiefs de la comté de Toulouse.

En 1212, Gui de Montfort, frère de Simon, Robert, archevêque de Rouen, Robert, élu de Laon, Guillaume, archidiacre de Paris, le vidame de Picquigny (Enguerrand, vidame de Picquigny) et Enguerrand de Boves sortirent de Carcassonne pour marcher contre le comte de Foix. Ils s'emparèrent du château de Lavelanet dont ils massacrèrent la garnison. Les défenseurs des châteaux voisins effrayés, s'enfuirent en livrant aux flammes les places confiées à leur garde, que les croisés dans leur course achevèrent de détruire de fond en comble. De là, s'avançant vers Toulouse, ils détruisirent également plusieurs châteaux forts que la terreur causée par leur approche avait fait évacuer précipitamment. Appelés par le comte de Montfort au siège du château de Penens en Agènois, que ses hommes menaçaient d'abandonner, leur service de quarante jours étant expiré, Enguerrand de Boves et ses compagnons se rendirent à ce message. Le château ne tarda pas à se rendre par composition. Plus tard nous retrouvons encore Enguerrand guerroyant contre le feudataire dont les terres lui avaient été adjugées. Le comte de Foix s'était emparé du château de Saverdan, dans le diocèse de Toulouse, et de ce point important inquiétait fort la ville de Pamiers. Enguerrand de Boves et les chevaliers qui descendaient de Carcassonne, à la tête d'un corps d'aventuriers allemands récemment arrivés pour prendre part aux dépouilles des malheureux Albigeois, marchèrent en hâte sur Pamiers. Raymond de Toulouse et le comte de Foix, à la nouvelle de l'approche de l'armée qui s'avançait contre eux, s'enfuirent précipitamment. Enguerrand de Boves recouvra ainsi Saverdan sans condition et sans combat.
Pendant que cette guerre sanglante et impitoyable retenait ainsi Enguerrand de Boves loin de sa terre natale il était en 1211 choisi comme piège ou caution de son cousin Enguerrand III le Grand, sire de Coucy, à propos du traité que ce puissant seigneur avait souscrit avec le roi de France, Philippe-Auguste, au sujet de l'hommage de Ferrand de Portugal, nouveau comte de Flandres. 
    Mais les motifs qui avaient guidé Enguerrand de Boves dans la guerre d'Alby, cessèrent vraisemblablement de le faire persévérer dans cette entreprise du moment ou la part de conquête qui lui était primitivement assignée dut faire retour à son légitime propriétaire. Le comte de Foix, Raymond Béranger s'étant réconcilié avec l'Église en faisant sa soumission au légat apostolique Pierre de Bénévent et en se rendant au conclave de Latran pour y demander la restitution des ses domaines usurpés par le chef de la croisade, on les lui rendit à titre provisoire (1215). Dès lors durent s'évanouir les espérances du baron picard qui, du reste, n'avait point attendu cet événement pour rentrer dans son fief patrimonial. En 1212, on le trouve donnant à l'abbaye d Saint-Fuscien vingt sols parisis à prendre sur les cens de sa terre de Sains, en échange d'un droit de péage que les religieux avaient sur le pont de Boves, et dont il avait gratifié son prévôt Mathieu.

Bataille de Bouvines (1214)

Enguerrand de Boves combattit il à Bouvines ? On le trouve cité dans certains ouvrages comme ayant pris part à cette mémorable journée, et dans sa noblesse et chevalerie de Picardie t d'Artois, M. Roger nomme en effet le châtelain de Boves et parmi les chevaliers bannerets de l'Amienois et des marches de Corbie, Robert et Hugues de Boves. Après la bataille de Bouvines, des rançons furent stipulées pour chacun des barons prisonniers du roi de France. Enguerrand de Boves figure comme plège ou caution envers le roi Philippe de 200 livres pour Eustache de Rieu dont la rançon avait été fixée à 3.000 livres ; il dut payer cette somme, Eustache de Rieu ayant au mépris de ses engagements continué à guerroyer contre le roi.
    Enguerrand de Boves, depuis cette époque jusqu'à sa mort, arrivée en 1223, ne paraît pas avoir pris part aux affaires de son temps  et les dernières années de sa vie ne son plus marquées que par de pieuses libéralités pour remercier le ciel de la protection dont il l'avait couvert dans ses guerres lointaines. En 1217, il est, d'après le cartulaire de St-Martin-aux-Jumeaux, le principal fondateur du prieuré de Remiencourt. Au mois de juin 1219, il fonde dans les bois de Boves, au lieu sanctifié par la présence de Sainte Ulphe, l'abbaye du Paraclet des Champs. Outre les biens dont il l'enrichit par l'acte de fondation, il confirma les donations ou les ventes faites pour l'augmentation et la prospérité de ce monastère par ses feudataires et notamment le seigneur de Demuin, Othon, dont les titres écrivent indistinctement Otho, Osto et quelquefois Hosto. La même année, il avait exempté du paiement des droits de travers les cultivateurs et les laboureurs des terres de Guisy et de Sat-Nicolas de Reigny. Enfin pour le salut de son âme et de celle de ses père et mère et de ses parents défunts, il cède à l'abbaye de St-Pierre de Corbie, tout ce qu'il possédait dans le bois de Thanes, appelé Chesvel, pour en jouir à perpétuité.
    Enguerrand de Boves voulu être enterré dans l'abbaye du Paraclet-des-Champs, (ne pas confondre avec l'abbaye du Paraclet, fondée par Abélard et Héloïse, qui se trouve dans l'Aube, ndlr) qui se trouve sur la commune de Cottenchy.

Génération VII

I) Robert III de BOVES, né ver 1190, décédé en 1249, marié vers 1210 avec Helvide de NANTEUIL-AUTRÈCHES, dont il n'eut pas d'enfant. C'est le dernier rejeton mâle de la famille du nom de BOVES, sa sœur Élisabeth (ou Isabeau) hérita donc de la châtellenie qu'elle transmit à son époux qui devint donc le nouveau châtelain de Boves.

II) Élisabeth ou Isabeau de BOVES, née vers 1195, décédée en 1263, mariée en 1213 avec Nicolas V de RUMIGNY, né vers 1290 et décédé entre 1257 et 1259, qui devint seigneur de Boves du chef de son épouse. Après son veuvage, elle entra dans les ordres et devint abbesse du Paraclet-des-Champs. Dont deux fils.

III) Marguerite de BOVES, née vers 1197, premiere abbesse du Paraclet-des-Champs.

IV) Élisabeth de BOVES, née vers 1200, première prieure du Paraclet-des-Champs.

Robert II, seigneur de Boves, figure en 1223 au jugement rendu par la cour du roi, à Vernon, dans la succession du comté de Beaumont-sur-Oise. En 1224 il fait un accord avec le prieur de Boves, relativement au moulin de Pavery. Au mois de décembre de la même année, il cède en augmentation de fief à Mgr Robert, son oncle (Robert I de Fouencamps), tous ses droits sur les moulins de Boves et sur seize bouviers de terre entre Caix et Cayeux, reconnaissant qu'il ne peut faire  moulins à Boves ni n'avoir fors, que messire Robert, son oncle, et l'abbaye du Paraclet.
 

Honorius III pape de 1216 à 1227)

Les chevaliers picards avaient alors le goût des expéditions lointaines et aventureuses qui leur promettaient gloire et butin. Comme son père Enguerrand l'avait fait plusieurs années auparavant, Robert II s'engagea à servir les intérêts de la maison de Montfort, dans les guerres contre les Albigeois. Nous pensons en effet que c'est à lui, et non son cousin Robert de Fouencamps, que s'applique la lettre du pape Honorius, donnée à Latran le 4e des nones de mai, huitième année de son pontificat, à son légat Conrad, évêque de Porto, par laquelle il lui mande de s'entremettre au sujet de la prétention élevée par Robert de Boves et plusieurs autres chevaliers, qui s'étaient engagés pour un prix convenu à servir Amaury de Toulouse dans sa croisade, refusent d'accomplir leurs engagements jusqu'à ce que ce comte consente à augmenter leur solde de cinq sols par jour, d'obtenir leur abandon à cet égard et la restitution des sommes déjà par eux perçues. Le légat devait enfin s'entremettre de racheter le comte Guy de Montfort, oncle d'Amaury, retenu à Amiens comme caution, avec plusieurs autres nobles hommes, de 4 000 livres de dettes contractées pour cette guerre d'Albi.
Au mois de décembre 1225, Robert de Boves approuve la vente d'un terrage au territoire de Favières, faite par Renaud d'Amiens, seigneur de Vignacourt, son homme, à l'abbaye de Saint-Jean d'Amiens, au témoignage de quoi il scelle ses lettres d'approbation de son scel, promettant que si après avoir revêtu le ceinturon de chevalier il vient à changer son scel de faire appendre le nouveau à côté de l'ancien. (Ce titre donne raison une nouvelle fois aux diplomatistes qui affirment que l'on changeait de sceau, lorsqu'on était fait chevalier, note de l'auteur). En 1226, il fait l'abandon en faveur de l'abbaye de Saint-Fuscien, des dîmes de Gollencourt, pour contribuer à la fondation de la chapelle de Saint-Marcel, près Boves.

Louis VIII le Lion

Au mois de juillet de la même année, il assiste à l'abandon fait par Marie, comtesse de Ponthieu, au roi Louis VIII, du château de Doulens et de plusieurs autres terres, et appose sa signature sur l'acte de cession, à côté de celles de Mathieu de Montmorency, connétable de France, de Gaudefroy, évêque d'Amiens, de Barthélémy de Royé, chambrier du roi de France, de Guillaume de Milly, d'Hugues d'Athies et plusieurs autres nobles hommes. En 1227, le chapitre d'Amiens lui fait remise de 30 livres parisis qu'il tenait en fief de l'église. Au mois de juin 1230, Robert II confirme la vente faite par Renauld Malaterre de la dîme qu'il possédait à Boves.
À cette époque, Robert de Boves et Jean de Nesles, son oncle, étaient en différend avec le prieur et les moines du monastère SS. Pierre et Paul, de Lihous-en Santerre, au sujet du droit de justice sur les hôtes d'Harbonnières. Le pape Grégoire IX, à la sollicitation des religieux, fit défense aux deux seigneurs, par lettres données à Pérouse le 4 des ides de mars, troisième année de son pontificat, de troubler soit par eux-mêmes, soit par leurs baillis, les églises et les personnes de la dépendance de Lihons. Au mois de mars 1231, le lendemain du dimanche dans lequel on chante Lætare Jerusalem, Robert de Boves termina cette difficulté. Les deux parties convinrent de s'en rapporter à l'arbitrage de Jean de Nesles et de Mathieu, abbé de Breteuil, avec Raoul, abbé de Sainte-Corneille de Compiègne, comme tiers arbitre, à peine de 100 livres d'amende pour celle qui refuserait l'exécution du jugement, et sous la condition que la sentence serait rendue avant la fête de la Vierge prochaine de l'Assomption, sauf le cas où les arbitres jugeraient à propos de prolonger ce délai. À l'appuid e leurs prétentions le prieur et le couvent devaient faire entendre dix témoins, huit choisis parmi les hommes d'Harbonnières, deux parmi les moines de Lihons, dont le dire ne devait pas avoir plus de valeur que le témoignage des deux laïques. Le seigneur de Boves en produisit autant, huit pris parmi les hommes d'Harbonnières, et les deux autres à son choix, mais sous la même condition de testimonialité, s'il venait à choisir par hasard des religieux ou clercs.    

Au mois de juillet de la même année, Robert de Boves fournit deux chevaliers à l'armée réunie à Antrain contre le comte de Bretagne. La monstre faite le mercredi après la Magdelaine par Th. de Chartres et Amaury Poulle, constate qu'il est payé à ces deux chevaliers pour dix-huit jours de service 10 livres IV sols tournois.
En 1237, Robert de Boves donne à l'abbaye de Saint-Fuscien dix-sept journeaux de marais, au territoire de Fouencamps. Au mois de juin 1239, il ratifie la vente d'une terre consentie par Nicols de Boves, chevalier, au profit de l'abbaye du Paraclet.

Hugus X de LUSIGNAN

En 1243, Robert de Boves est sommé avec le vidame de Picquigny de se trouver en armes à Chinon le lendemain de l'octave de Pâques, pour marcher contre Hugues de Lusignan, comte de la Marche.
Au mois d'avril de la même année, Robert de Boves et Helvide, son épouse, vendent à Raoul, abbé de Corbie, pour 600 livres parisis dont ils donnent quittance, l'avouerie de Gentelles et celle de Cachy qu'ils avaient achetée à Jean du Hamel, c'est-à-dire les corvées, cens, deniers, le revenu annuel de vingt sols qu'Otto, seigneur de Demuin percevait des revenus de Gentelles, l'hommage d'Enguerrand maire de Gentelles, avec les droits de justice, de seigneurie et tous autres qu'ils avaient et pouvaient avoir dans ces deux villes, leurs territoires et dépendances. Helvide, son épouse, consentit à cette vente, se dessaisissant de tous ses privilèges sur ces biens à raison de sa dot, reconnaissant avoir reçu un échange suffisant dans les cens que son mari possédait à Gratepanche.
Dans les années 1244 et 1245, Robert de Boves ayant besoin de se procurer, pour l'assainissement d'une partie de ses domaines, un écoulement d'eau qui ne pouvait avoi lieu qu'au moyen de tranchées pratiquées sur les terrains communaux de la vilel d'Amiens, demanda et obtint de l'échevinage l'autorisation d'ouvrir deux larges fossés, l'un dans les prés situés entre la léproserie de Longueau et le lieu dit Wareignes, l'autre entre Longuau et le pont près la chaussée, dans la partie vers Cagny. Par ses lettres datées des mois de mars 1244 et avril 1245 Robert de Boves reconnaît qu'il n'a nulle juridiction, droit d'héritage ou de seigneurie sur ces deux terrains et s'engage à besoin à recombles les fossés à ses frais , deux ans après la sommation qui lui en sera faite par le maire et les échevins.
Au mois d'avril 1247, il donne des lettres sur l'accord intervenu entre Raoul d'Heilly, chevalier, son homme, et Raoul abbé de Corbie, son seigneur, relativement au différend survenu entre eux, au sujet de la vicomté, de la justice et de l'avouerie de Bonnay.
Au mois de décembre de la même année, Robert vend par loyale vente à Raoul, par la grâce de Dieu, abbé de Corbie, et au couvent de ce même lieu tout ce qu'il possédait à Thanes et as appartenances, moyennant 906 liv. 10 s. 8 d. parisis, dont il donne quittance.
Robert de Boves montrant pour l'abbaye de Saint-Fuscien la prédilection que lui avaient marquée ses prédécesseurs, lui fit de nombreux et généreux dons en 1239, ainsi que son cousin Robert, seigneur de Fouencamps.
En 1246, il lui fit encore don du bois de Chaumont pour la fondation de son obit.
Il ne se montra pas moins libéral en faveur du Paraclet des Champs. Cette même année 1246, au mois de mars, avant la fête de Saint Grégoire, par forme de testament, et pour le repos de son âme, de celles de ses ancêtres et héritiers, il légua et concéda en pure et perpétuelle aumône, à ses chères abbesses et couvent de la bienheureuse Marie du Paraclet, près Boves, 60 journaux de bois à prendre en une seule pièce, dans son bois de Feukeroy, tous ses marais sis entre la rivière d'Hailles et le champ contre la route qui mène d'Amiens à Moreuil, le moulin de Pavery, et les marais et les prés du couvent. Il lui légua encore 10 bouviers de terre au territoire de Caix, à prendre en une seule pièce si faire se pouvait, dans la sole dite la vallée de Caix, et le surplus s'il y avait lieu, le plus proche ladite sole, sur les terres qu'il possédait dans ce bourg, et lui céda enfin 40 journaux de son bois de Feukeroy, en échange d'une même contenance du bois de Racineuse, que noble autrefois seigr de Boves, son père appelé Enguerran, avait donné à ce monastère, et qui reviendra à ses héritiers pour être par eux possédés en pleine propriété. Helindis, son épouse, ratifia à la même époque la donation des dix bouviers de terre.
La Morlière dit que Robert de Boves prolongea sa vie jusque en 1246. Il vivait encore en 1248, comme le prouve une charte du mois de mars de cette année, citée par M. Salmon. Au mois de février 1247, il avait, pour le salut de son âme et celle de ses ancêtres, fait don à l'évêque d'Amiens qui serait alors ey aux chanoines de l'église d'Amiens, de la liberté d'aller et de retour par tout son travers, pour les chars à quatre chevaux portant leurs blés, vins et autres biens à leur usage, pourvu qu'ils ne fussent pas mêlés avec des biens étrangers, obligeant à perpétuité ses héritiers à l'exécution de cette libéralité. En 1249, un titre de Saint-Martin-aux-Jumeaux, concernant le prieuré  de Remiencourt, Helvide, sa femme, se dit alors veuve.

Ici se termine la "saga" des porteurs du nom de BOVES, l'héritage passant ensuite à la maison de Rumigny

La plupart des renseignements figurant dans cet articles sont pour beaucoup tirés du livre : Histoire de Boves et de ses seigneurs, de M. A. Janvier, Monographies des Villes et Villages de France, collection dirigée par M.-G.MICBETH, 1989

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